MALI PENSE

"Honni soit qui mal y pense" ? Non ! Heureux soit qui "Mali" pense, car c'est un beau voyage qui l'attend...

Les Trois amis, dit par Ambaga Guindo


Matthew Heberger a fait l’essentiel de cette transcription, et a lu ce conte en public. Matthew est le promoteur du projet www.dokotoroso.org pour l’édition d’un manuel de médecine de campagne en bambara : Là où il n’y a pas de docteur.

Ce conte a été édité par le site conte-moi.net, retrouvez le dans la section « Mali » :

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 on trouvera également un résumé et une fiche de lecture scolaire

Ambaga Guindo


Artiste comédien conteur, Ambaga Guindo est diplômé de l’Institut national des arts de Bamako (INA) section art dramatique. D’abord instituteur dans une école privée durant trois ans, il décide de se consacrer définitivement à l’art et à la culture. Depuis l’an 2000 il joue les scènes maliennes, africaines et européennes pour le théâtre ou pour le conte ‘‘zirin’’ [1]. Il est souvent sollicité pour jouer dans des sitcoms.

Source : The Spoken Word Project

Illustration : Yacouba Diarra
Teriw sàba Les trois amis.
Nìn kɛra terima sàba ye : dùga, jìgon , àni shɛ̀. Nìnnu sàba bɛɛ dè nàna kà bàna ɲɔgɔn fɛ̀. Ɛ̀ɛ ! Kabako sa ! Voilà ce qui est arrivé à trois amis : le vautour [2], le calao [3] et la poule. Ces trois là en virent à tomber malades tous les trois à la fois. Ah ça ! Étonnant !
Dùga, ò ta tùn ye kùnsigi bàna dè ye. Dùgu jɛra yɔrɔ min ̀ na dɔrɔn, à kùnsigi bɛɛ bɛ tuɲa tɛ̀n. Le vautour, lui, attrapa une maladie des cheveux. Le jour venait à peine de se lever, tous ces cheveux sont tombés comme ça !
Jìgon, ò da dè nàna kà jànya ka kɛ dabɔlɔ ye, kà nà jànya, kà nà kà jànya, fo kà nà ò gɔ̀lɔn tɛ̀n. Le calao, c’est sa bouche qui en vint à s’agrandir pour devenir un bec qui continua à s’agrandir, continua à s’agrandir jusqu’à se tordre comme ça.
Shɛ̀, ò man’i jɔ̀ dɔrɔn, ò sèn dè bɛ yɛrɛyɛrɛ, bàna dè b’à la. À tɛ se kà jɔ̀. La poule, à peine allait elle se lever, notre poule se mit à trembler, elle avait attrapé une maladie. Elle ne pouvait plus se lever.
A ! Walasa bɔ ka kɛ kàla mà, k’à fɔ ko ù bànanen dè dòn, ù ye dɔ̀nkilinin dɔ dè da : Hélas ! Afin qu’Il soit mis au courant de leur affaire (bɔ), et lui dire qu’ils avaient attrapé une maladie, ils chantèrent une petite chanson :
A ye à duɲa nǔmba [4] Voilà une vie très désagréable
Duɲa nǔmba y’ò ye, C’est une vie très désagréable
Duɲa nǔmba, Vie très désagréable
Duɲa sanga nǔmba y’ò ye. Quelle époque désagréable !
A ye à duɲa nǔmba Voilà une vie très désagréable
Duɲa nǔmba y’ò ye, C’est une vie très désagréable
Duɲa nǔmba, Vie très désagréable
Duɲa sanga nǔmba y’ò ye. Quelle époque désagréable !
A ! Diɲɛ ! A ! kabako ! Diɲɛ n’à ka kobaw ! Ɛ̀ɛ ! nìn ye kabako ye sa ! Ù y’ò fɔ kà dɛsɛ ! Hélas ! La vie ! Hélas ! Étonnement ! La vie et ses grands malheurs ! Pas possible ! Voilà qui est étonnant ! Ils le répétèrent en vain.
Ala ma kuma ù fɛ̀. Dieu ne leur parlait pas.
Dùga ni jìgon ko : “Kabini Ala tɛka kuma anw fɛ̀, an tɛ taa à nɔfɛ̀, fo sankolo la sa ?” Le vautour et la poule dirent : Puisque Dieu ne nous parle pas, n’allons-nous pas le trouver là-haut au ciel ?
Shɛ̀ k’ù mà : “Àyi ! N teriw, aw sabali ! An kàna kow damatɛmɛ sa. Ɛ̀ɛ ! Ni aw dùn ma sabali, n’i an y’à kɛ tɛ̀n, A ! Ala bɛ dimi anw kɔrɔ dɛ ! Ni à dùn mana dimi anw kɔrɔ, an ka bàna tɛ kɛnɛya.” La poule leur dit : « Non ! Mes amis, calmez-vous ! N’allons pas exagérer nos problèmes. Si vraiment vous ne vous calmez pas et si vous faites comme ça, hélas ! Dieu va se fâcher contre nous ! Et quand ils se fâchera contre nous, nous ne guérirons plus de nos maladies. »
Dùga ni jìgon ko shɛ̀ mà : “Ò ye kùnko ye. Anw bɛ taa ! Bàna bɛ ɲini k’anw tɔɔrɔ. An bɛ taa Ala nɔfɛ̀.” Le vautour et le kalao répondirent à la poule :
« C’est (notre ?) affaire (punition ?). Allons-y. La maladie est sur le point de nous tourmenter. Allons auprès de Dieu.
Ò fɔ yɔrɔ min ̀ dɔrɔn, ù sinna kà sankolo mìnɛ. À peine avaient-ils dit cela, ils allèrent tout droit au ciel.
Sɔɔnin, Ala dè nàna kà jìgin, kà jìgin, kà jìgin... kà n’i jɔ̀ shɛ̀ kɛ̀rɛfɛ̀, k’ò ka bàna furakɛ kà ban. Bientôt, Dieu lui-même se mit à descendre, à descendre, à descendre… et alla se tenir à côté de la poule, et la guérit complètement de sa maladie.
Ée, k’a ta ò don na fo bì, dùga ni jìgon bɛ sankolo la, Ala ɲinini na. Hé ! Depuis ce jour jusqu’à maintenant, le vautour et le calao sont dans le ciel à la recherche de Dieu.
Ée, shɛ̀ bɛ dùguma barisa àle dè b’à dɔn k’à fɔ : i mana kɛ yɔrɔ ò yɔrɔ, Ala bɛ yèn. Hé ! La poule est au sol, parce que c’est elle qui a su dire : où que vous soyez, Dieu est là.

Notes

[1orthographe exacte : nsiirin.

[2Neophron monachus

[3grand calao d’abyssinie, Bucorvus abyssinicus – en bambara : dufon, digon ou jigon, ou ndigo. Il y a même un proverbe bambara bien connu qui dit : ntori n’a kɔnɔ fɛn bɛɛ ye ndigo ta ye (Le crapaud et tout ce qu’il a dans son ventre appartiennent au calao) – Soumaïla Camara, prof. INALCO

[4peut-être du dogon nǔm "désagréable". Il est possible que, pour la chanson, le conteur se soit appuyé sur une version dogon... Le PDF donne d’ailleurs une version différente de la chanson, pas du tout en bambara :
« Adaunia Nomba
Dauni Nomba yôyé
Dauni Nomba
Inden sanga nomba kôyé
La vie d’ici
Quelle vie ici !
La
vie est aux enchères ! »

vendredi 6 novembre 2015

NB: Pour un message en privé à l'auteur, envoyer un email à : contact@mali-pense.net

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