Bàla sara. Bàla wɛrɛ sara.
Ni jugunnin ̀ ma kɛ ɲɛ̀mɔgɔden ̀ ye, à fana ka kan kà sìgi fànga la.
Un porc-épic meurt, et puis un autre. Si le hérisson n’est pas un bâtard, lui aussi peut être désigné comme chef.
On retrouve un proverbe très similaire (n°3885) dans Sagesse bambara "Bàla sàra, bàlà wɛrɛ sàra", ni jugunin tɛ ɲàmɔ̀gɔ̀den ye, ciyɛn ka kan kà di à mà.
Quand un porc-épic meurt, puis un autre, si le hérisson n’est pas un bâtard, on doit lui remettre l’héritage. On ne doit pas priver quelqu’un de ce à quoi il a droit.
Se dit pour soutenir le droit méconnu de quelqu’un : quand tous les aînés ont une femme, et qu’on oublie le cadet.
Père Charles Bailleul, SAGESSE BAMBARA, proverbes et sentences, éditions DONNIYA, 2005, Bamako, Mali www.bamanan.org
Dans tous les dialectes du B-M-D, la postposition ye a un sens dit "bénéfactif", c’est à dire que l’on fait quelque chose pour quelqu’un, en sa faveur, pour son bénéfice :
En Bambara, nous avons vu que cette postposition ye était utilisée avec la conjonction ni (souvent facultativement) pour signaler diverses sortes de relation ou associations :
À ye mori ̀ ye.
C’est un marabout .
relation "équative"
N taara (ni) kìtabu ye.
Je suis parti avec le livre
ou : J’ai emporté le livre
En Bambara et en Dioula, kùn peut être utilisé pour un certain type de relation "bénéfactive" (ou "maléfactive"), que l’on traduit habituellement avec un "pour" ou un "à" :
Kàramɔgɔ ye sɔran ̀ sɛ̀bɛn i kùn.
Le maître a écrit ce verset pour toi.
Dans ce sens on doit comprendre que le résultat de l’action a un effet direct sur le bénéfice escompté, et change par exemple la connaissance, le statut ou la propriété. Le ye bénéfactif n’implique pas cet effet, et spécifie seulement à qui le service a été rendu, "dans son intérêt".
Fantà ye nɔnɔ suma Baba ye.
Fanta a mesuré le lait à l’intention de Baba.
Fantà ye nɔnɔ suma Baba kùn.
Fanta a mesuré le lait pour Baba (et seulement pour lui).
Avec des verbes indiquant un transfert de possession, l’objet de la postposition kùn ne doit pas être interprété comme la destination, mais au contraire comme la source :
I ma foyi sàn n kùn.
Tu n’as rien acheté de moi (tu ne m’a rien acheté)
Avec le verbe sɔ̀rɔ l’interprétation est statique, c’est la source de la possession :
À ye wari sɔ̀rɔ n kùn.
Il a trouvé l’argent sur moi / Il a obtenu l’argent chez moi
Rappel : kùn fait partie des postpositions dites "lexicales" c’est à dire dont l’origine est un mot dans le lexique (dictionnaire) en général une partie du corps humain. Voici un tableau récapitulant ces postpositions :
bolo
"bras, main"
possession, contrôle, cause
kɔ
"dos"
derrière, après, en l’absence de
kɔnɔ
"ventre"
à l’intérieur de
kùn
"tête"
sur, pour, possession
ɲɛ
"oeil"
devant, en avant, en face de
cɛ
"milieu du corps, ceinture"
entre, au milieu de
3. X labìla
Le sens de labìla est généralement de "laisser (partir)", "permettre" (et aussi "libérer"). Son complément peut être une clause subordonnée complète.
À ye Àli labìla à ka taa.
Il a laissé Ali partir.
Dans ce cas, l’agent de la clause subordonnée (son sujet) est en fait l’objet de labìla, qui commande à la fois l’agent (Ali) et son action (partir). Noter que la subordonnée est au subjonctif :
On peut donc traduire presque mot-à-mot : Il a permis qu’Ali parte.
... où c’est Ali qui est le sujet de "kà taa" (et non le sujet de labìla comme c’est normalement le cas avec la marque prédicative de l’infinitive derrière un verbe)
L’activité peut être l’objet de labìla, sous la forme d’un nom :
Ù ye ɲɛnajɛ labìla mɔ̀gɔw ye.
Ils ont autorisé la fête pour les gens
ou : Ils ont ouvert la fête à tout le monde.
Remarquez que, dans cette construction, on utilise la postposition bénéfactive ye.
Si on l’utilise comme participe dans une construction avec les copules dòn ou bɛ, on peut comprendre "réservé"