Jouer ne met pas fin au sérieux, Rire ne met pas fin au sérieux.
On retrouve ce proverbe (n°1740) dans Sagesse bambara : Tulon tɛ sɛ̀bɛ sà. Les divertissements n’empêchent pas d’être sérieux. (quand il le faut)
Chaque chose en son temps : l’un ne doit pas empêcher l’autre : musique, travail...
Père Charles Bailleul, SAGESSE BAMBARA, proverbes et sentences, éditions DONNIYA, 2005, Bamako, Mali www.bamanan.org
kabini est la conjonction "depuis" que l’on a déjà aperçue dans le cours n°3. Elle introduit l’expression d’un lieu ou d’un point dans le temps, ou bien une clause subordonnée complète. Attention, kabini ne peut pas être utilisé avec l’expression d’une durée.
À bɛ mobili ̀ boli kabini Segu.
Il conduit la voiture depuis Ségou.
À bɛ mobili ̀ bòli kabini fitiri.
Il conduit la voiture depuis le crépuscule.
À bɛ mobili ̀ bòli kabini su kòra.
Il conduit la voiture depuis que la nuit est tombée.
En Français, on utilise toujours un infinitif derrière des verbes comme "commencer à" "arrêter de".
En Bambara, les verbes damìnɛ, dabɔ "commencer à" et dabìla "cesser de" n’introduisent pas une clause à l’infinitif avec kà. Ils ne fonctionnent que comme des verbes transitifs, acceptant comme complément d’objet direct soit des noms, soit des verbes nominalisés à l’aide du suffixe -li (ou -ni pour les verbes se terminant par une nasale) : bɔli, jɔ̀li, dànni...
À ye kuma ̀ damìnɛ.
Elle a commencé à parler.
Ù ye ɲɔdanni ̀ damìnɛ.
Ils ont commencé à planter le mil.
Rappel : tila au sens de "terminer de faire quelque chose" est lui intransitif et n’accepte de noms ou de noms d’action et verbes nominalisés qu’en complément d’objet indirect avec la postposition la/na ; ce verbe accepte également une clause infinitive en kà :
Ù ma tila ɲɔ̀danni na.
Ils n’ont pas fini de planter le mil.
Ù ma tila kà ɲɔ̀ dàn.
-idem-
3. Tùma dɔw
exercices->#c3
Encore une expression temporelle avec tùma, celle-ci équivalente à "quelquefois", "parfois".
Elle est positionnée en fin de phrase, ou au début, comme les adverbes en général :
Tùma dɔw, an b’à kɛ tàn.
Parfois on fait comme ça.
An b’à kɛ tan tùma dɔw.
- idem -
tùma dɔw fait partie des circonstanciels de temps avec tùma bɛɛ "toujours, tout le temps"
et abada "jamais, toujours"
Abada est le plus souvent utilisé dans des phrases négatives, avec le sens de "jamais". Dans certains dialectes on le trouve à l’affirmatif, il est alors l’équivalent de tùma bɛɛ.
En bambara, tùma bɛɛ peut être utilisé dans des constructions négatives, avec le sens de "pas toujours".
Comme nous l’avons vu précédemment, nɔ̀ signifie le plus souvent "la place", "la trace" et parfois "la faute", "la responsabilité". Ce petit mot est utilisé dans beaucoup d’expressions avec des sens légèrement différents :
to i nɔ̀ la
reste où tu es, ne bouge pas, littéralement "reste dans ta trace"
ka X kɛ Y nɔ̀ la
mettre X à la place de Y, remplacer Y par X
ka bɔ i nɔ̀ la-
"bouge de là"
ka X bìla à nɔ̀ la
re-mettre X à sa place, là où il doit être
5. cogo bɛɛ la
exercices->#c5
Voilà un intensificateur qui fait partie des expressions adverbiales fréquentes. Son sens est "de toutes les façons", "de toutes les manières possibles".
Son opposée est cogo si : "en aucune façon" :
N tɛ se nìn na cogo si la.
Je ne peux en aucun façon faire ça.
Il n’y a pas moyen que je le fasse.
On peut garder la même interprétation pour les expressions adverbiales de manière : ɲɛ bɛɛ mà, à ɲɛ bɛɛ mà (ɲa bɛɛ mà, à ɲa bɛɛ mà). Une curieuse expression est parfois utilisée : ɲa tan ni fila mà "de douze façons", 12 étant le nombre utilisé pour indiquer toutes sortes de directions ou de manières, par exemple : à fan tan ni fila, "dans ses douzes directions", pour signifier "dans tous les sens, en tous sens".
Dans le cours 6 nous avons vu les mots composés avec tùma ("ni V-tuma sera"...), au sens de "le moment pour X, le moment de faire X, au moment où X". Les mots composés avec yɔrɔ, sur le même modèle, s’interprètent comme "le lieu de X, le lieu où faire X, l’endroit où l’on..." :
Remarquez que là où en français on utilise une subordonnée introduite par où, en bambara on simplifie avec un noms de lieu composé avec -yɔrɔ :
N bɛ Àli taayɔrɔ dɔn.
Je sais où Ali est allé.
7. K’à to
exercices->#c8
Analysé mot à mot, k’à to est composé de l’auxiliaire (marque prédicative) de l’infinitif kà, suivi du pronom à et du verbe to "rester, laisser". Cette expression fonctionne comme une conjonction "pendant que", "tant que". k’à to peut être suivi d’un groupe circonstanciel avec la postposition la, groupe qui peut être un verbe converti en nom, éventuellement précédé de son complément d’objet… ou k’à to peut être suivi par une phrase complète :
Avec postposition :
Fantà ye dɔ̀nkili ̀ da k’à to dɔn ̀ na.
Fanta a chanté une chanson pendant qu’il dansait.
Avec verbe converti en nom et son COD :
K’à to ntòlatannaw ladege ̀ la, à ye filen tàn.
Pendant qu’il imitait les joueurs de foot, il a shooté dans la calebasse.
Avec une phrase :
K’à to Fantà bɛ baara ̀ la yèn, à tɛna taa so.
Tant que Fanta est au travail là-bas, il ne rentrera pas à la maison.
Il y a quelques verbes en B-M-D qui impliquent que leur objet direct (avant le verbe) ou indirect (après le verbe, avec une postposition) ne doit ou ne peut pas être fait. Nous en voyons trois dans ce cours :
X bàli kà Y
empêcher X de Y
X dɛsɛ kà Y
X échoue à Y
X jɛ̀ Y la
refuser à X de Y / priver X de Y
Parmi ces verbes, bàli est le seul qui est employé dans des constructions transitives :
Sanji ̀ bɛ n bàli kà taa.
La pluie m’empêche de partir.
Comme on peut le voir, bàli appartient à cette classe de verbes dont le complément d’objet est le sujet du verbe dans la clause à l’infinitif qui suit.
dɛsɛ n’est employé que comme verbe intransitif, soit avec une groupe en postposition comme complément indirect, soit suivi d’une clause à l’infinitif normale (dont le sujet est le même que le sujet de dɛsɛ) :
À dɛsɛra kà taa.
Il n’a pas réussi à partir.
jɛ "manquer, rater" n’est jamais suivi d’une clause à l’infinitif. Lorsqu’il est précédé d’un COD représentant une personne et suivi d’un COI avec la postposition la/na, il signifie plutôt "refuser" ou "priver" :
Hawa ye Baba jɛ dumuni na.
Hawa refusé la nourriture à Baba.
Hawa a privé Baba de nourriture.
Ce n’est que lorsqu’il n’y a pas de COI qu’il signifie "manquer", ou "rater"(sa cible),
mankan "le bruit" est utilisé avec deux verbes bɔ et cì, dans le sens "faire du bruit", également avec kɛ́ :
À ye mànkan bɔ.
Il a fait du bruit
À ye mànkan cì.
- idem -
pour demander à faire silence : mànkan dabila, mànkan sumaya
10. Ni ... min ...
En général, ni introduit une subordonnée conditionnelle (si) ou temporelle (quand) :
N’i sera yèn, i ka Fantà fò.
Quand tu arrives là-bas, tu peux saluer Fanta s’il te plait.
Comme nous l’avons vu, min est utilisé dans les subordonnées relatives. Il arrive cependant en B-M-D que ni et min soient utilisés dans la même clause subordonnée :
Ni ntòlatanba bɛ kɛ yèn don min,...
Si un jour il y a un grand match de foot...
Le sens de ces subordonnées n’est pas le même que le sens de la subordonnée avec juste ni ou avec juste min :
Ni ntòlatanba bɛ kɛ yèn, ù bɛ ga jɔ̀.
Quand il y a un grand match de foot, ils construisent un hangar.
Ntòlatanba bɛ kɛ yèn don min, ù bɛ ga jɔ̀ ò don.
Le jour où il y a un grand match de foot, il construisent un hangar le jour même.
Si un jour il y a un grand match de foot, ils ne travaillent pas ce jour là.
Daɲɛsɛbɛn
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