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Par Issa FAKABA SISSOKO - 20/02/2012
Quand cette artiste de Tombouctou lance un message de paix au Festival sur le Niger, grâce à sa voix unique, la symbolique est forte avec le contexte de guerre au Nord.
Elle n’était pas, peut-être pas, l’affiche la plus attendue dans la programmation de la 8ème édition du Festival sur le Niger de Ségou. Mais après sa prestation sur la grande scène « Da Monzon », la chanteuse de Tombouctou a ébloui le public. Haira Arby a littéralement volé la vedette ce soir là. Avec sa voix limpide, ses parures valorisant le patrimoine vestimentaire du Nord, « la voix du désert » s’est faite entendre dans une région du sud. Lorsqu’elle consacre deux morceaux à la paix, les milliers de spectateurs s’enflamment. La symbolique ne passe pas inaperçue face à la tribune occupée par les ministres de l’administration territoriale, de l’artisanat et de la culture.
L’art au secours de la paix
Loin des discours séparatistes de la « rébellion » du Mouvement national de libération de l’Azawad ( MNLA), Haira Arby (issue de cette zone de « rébellion », plaide pour la cohésion sociale et la fraternité entre les peuples du Mali. « J’ai été ému après cette soirée. Haira est une artiste du Mali, pas du Nord. Elle nous réconforte dans l’idée que notre pays restera uni », s’exclame un festivalier. "Malgré l’âge et le poids des années, Haira Arby garde une voix éternellement jeune et c’est ce qui plaît à ses nombreux fans", ajoute Lalla, une habituée du festival.
Artiste de la paix
Du haut de ses 53 ans, Haira Arby a encore du timbre pour chanter et danser comme à l’époque des biennales artistiques et culturelles des années 1970. D’origine Berabichetamachet (une ethnie du Nord), Haira est la seule chanteuse de sa famille. Malgré cette pression, à 11 ans, elle fait ses débuts avec un groupe culturel appelé Abaradjou. Très tôt son talent est découvert, puis elle devient membre de la troupe du cercle de Tombouctou, et soliste du groupe régional de Gao. En 1974, elle est désignée pour représenter la région à Bamako à la phase finale de la Biennale artistique et culturelle. Le coup d’essai fut un coup de maître, car elle reçoit le troisième prix pour la meilleure interprétation vocale.
Sa carrière musicale prometteuse est vite écourtée en 1976. Son père frustré à l’idée de la voir abandonner ses études au profit des scènes de spectacles, lui interdit de se produire en public. Haira obéît et quitte l’orchestre de Tombouctou, puis se marie. Sept ans plus tard, elle revient devant le micro, et sa carrière s‘envole. Ambassadrice de la paix et de l’unité nationale, Haira Arby a de quoi inspirer la jeune génération de chanteurs du Nord.
Voir à ce sujet :
– Chansons pour les réfugiés du désert
– Un « Grammy » en temps de guerre pour Tinariwen